La cataracte est une pathologie fréquente du sujet âgé, définie par la perte de transparence du cristallin. Son traitement est chirurgical et consiste à enlever le cristallin opaque pour le remplacer par un cristallin transparent appelé implant. Ce nouveau cristallin est bien entendu calculé “sur mesure” afin de réduire le plus possible le besoin de lunettes.
Les implants monofocaux permettent de voir de loin et l’utilisation d’implants multifocaux depuis quelques années permet à un nombre croissant de patients de se passer de lunettes de loin et de près.
L‘implant multifocal est une formidable innovation, mais qui ne fait que contourner le problème de la perte de l’accommodation puisqu’un cristallin artificiel n’a pas les capacités de se contracter comme le cristallin naturel pour faire la mise au point en vision de près. Ainsi l’implant multifocal fournit en fait deux images, une pour la vision de loin et l’autre pour la vision de près.
Les implants dits “accommodatifs” sont d’utilisation encore plus récente, et sont véritablement capables de se déplacer vers l’avant sous l’effet de l’effort d’accommodation. Ils ne fournissent ainsi qu’une seule image, mais à focale variable grâce au déplacement de l’optique de l’implant. C’est évidemment très séduisant en théorie mais la pratique montre que la plupart de ces implants accommodatifs affichent des performances très inférieures à celles des implants multifocaux, et qu’ils n’ont pour l’instant qu’un intérêt en vision intermédiaire avec des résultats insuffisants en vision de près.
Ceci est lié au principe même du mode d’action de ces implants puisque l’accommodation produite est proportionnelle à la puissance de l’optique qui se déplace vers l’avant, elle même définie par le calcul de l’implant nécessaire pour chaque oeil. Les myopes, qui reçoivent des implants de faible puissance sont ainsi par avance défavorisés par rapport aux hypermétropes chez qui les implants utilisés sont de forte puissance.
Cette difficulté est résolue avec un nouvel implant, l’implant Synchrony, des Laboratoires A.M.O.
Ce nouvel implant est fait de deux optiques distinctes, l’une postérieure et fixe de puissance négative, et l’autre antérieure et très puissante de +32 dioptries, dans tous les cas. Ainsi par exemple, un oeil hypermétrope ayant besoin d’un implant de +26 D° aura un implant d’optique postérieure à -6 D°, alors qu’un oeil myope pour lequel le calcul d’implant aboutit à +14 D° recevra un implant dont l’optique postérieure sera à -18 D°. Dans les deux cas la sommation des deux optiques aboutit à la puissance désirée. Mais dans les deux cas, l’accommodation produite est optimisée puisque c’est une optique de +32 D° qui se déplace vers l’avant.
Les premières études cliniques de cet implant semblent assez encourageantes, et il devrait prochainement être mis sur le marché français.
Docteur Arié Danan. Paris, le 13 juin 2012
Intéressant, mais a ce que j’ai pu comprendre il n’a pas encore l’autorisation de mise sur le marché par la FDA au USA, j’ai hâte de voir les tests.
J’espère par contre qu’il ne se comportera pas comme le Crystalens, problèmes fréquents de Z-syndrome ( déplacement de l’implant), c’est très risqué.
A l’heure actuel les implants monofocaux sont les plus fiables
Tout cela est parfaitement exact mais les séries européennes publiées permettent de fonder quelques espoirs raisonnables, en particulier en terme d’efficacité accommodative.
Un implant à suivre en tout cas.
Suite aux implants accomodatifs, pouvez vous nous dire ce que vous pensez de l’implant Akkolens, sur leur site ils prévoient une date de commercialisation en 2013.
Le plus par rapport au Synchrony et la taille de l’incision qui ne nécessite pas de sutures.
L’implant Akkolens est un implant accommodatif très particulier car basé sur un principe totalement différent de celui des autres implants accommodatifs. Il s’agit en effet fait d’un implant formé par deux lentilles qui glissent de façon longitudinale l’une par rapport à l’autre lors de la contraction du muscle ciliaire. Sur le plan optique, les deux lentilles sont des surfaces cubiques, c’est à dire des optiques dont l’équation algébrique peut s’écrire selon un polynome du troisième degré. L’augmentation de puissance du système obéit donc à un principe très différtent, puisqu’il n’existe en aucune façon une bascule vers l’avant de l’une ou l’autre des deux optiques, contrairement à la plupart des implants de cette famille. En outre, cet implant est positionné non pas dans le sac capsulaire mais directement dans le sulcus ciliaire, c’est à dire directement au contact du muscle ciliaire, censé se contracter lors de l’accommodation.
L’évolution dans le temps est en outre indépendante de l’évolution du sac capsulaire vers une fibrose, qui a tendance à pénaliser les résultats à long terme de beaucoup d’autres implants accommodatifs.
Il est donc logique de fonder quelques espoirs sur cet implant, sur lequel cependant aucune étude clinique n’a pour l’instant été publiée. Compte-tenu du caractère modeste des résultats des autres implants accommodatifs, on peut donc rester à l’écoute.
Avant toute chose un grand MERCI pour ce site c’est une mine d’information !!!
Je dois me faire opérer de la cataracte bientôt et je suis également à la recherche d’un implant qui accommode un minimum.
J’espère de tout cœur que l’implant Synchrony sera disponible pour 2013 en France.
Par contre il me semble avoir lu quelque part que le labo avait mit au point un nouvel injecteur pour diminuer la taille d’incision pour l’injection.
Or @cataract75 dit qu’il faut des sutures…
Par ailleurs les différentes études parlent de 1 Dioptrie d’accommodation, est-ce suffisant pour la vie de tout les jours ( PC, TV, affichage de prix dans les magasins).
Pouvez-vous m’éclairer ?
Peut être Cataract75 a-t-il des informations de toute première fraicheur… Les publications sur cet implant sont encore peu nombreuses et non unanimes. Les premières parlaient d’une amplitude pouvant dépasser 3 dioptries. Une limitation à 1 dioptrie serait en effet décevante. La taille nécessaire de l’incision était de 3.8 mm avec le premier injecteur dédié et nécessitait donc des sutures. Si l’ on peut espérer réduire cette taille avec les nouveaux injecteurs, l’incision restera plus large qu’avec les implants traditionnels car l’implant Synchrony est volumineux.
Tout à fait danan, c’est ce que j’ai pu lire sur le net.
Le fabricant travaille activement sur un système d’injection qui va permettre à la lentille de se faire par une incision beaucoup plus petite, mais il n’y a pas plus de détails pour le moment.
Par ailleurs Louis, je ne sais pas si 1 Dioptrie est suffisant pour les activités que vous énoncez.
source en anglais :
http://www.eyeworld.org/article-synchrony–a-dual-optic-lens-whose-time-has-come
Merci pour ces précisions, 3 Dioptries ce serait vraiment prometteur !
Bonjour Dr Danan,
Je suis également candidat à une prochaine intervention pour une cataracte, Avez vous des informations sur l’implant de la firme Powervision intitulé FluidVision ?
Oui, cet implant fait partie des nouveaux implants accommodatifs, qui permettront peut-être d’obtenir des résultats intéressants dans le futur. Il n’existe pas encore de publication scientifique mais le laboratoire annonce des amplitudes accommodatives pouvant atteindre 10 dioptries. Il s’agit d’un implant creux qui fonctionnerait selon des mouvements de liquide passant des anses vers l’optique lors des efforts d’accommodation, ce qui permettrait d’augmenter sa puissance. Lors de la mise au repos de l’accommodation en vision de loin, le liquide repasserait dans les anses, dégonflant ainsi la partie optique de l’implant.
Le principe est séduisant mais encore expérimental.
Ce modèle d’implant accommodatif comme tous les autres, est décrit dans le chapitre “implants accommodatifs”, que j’ai rédigé dans le dernier rapport de la Société Française d’Ophtalmologie.
Aucun de ces implants n’est encore rentré dans la pratique courante de la chirurgie de cataracte, car ces implants accommodatifs ont pour l’instant des résultats modestes en vision de près, qui ne leur permettent pas encore d’entrer en concurrence avec les implants bi- et trifocaux, qui eux sont d’usage très courant.
Merci pour ces informations,
J’espère que certains implants accomodatifs seront disponible dans 2-3 ans lors de mon opération.
Ce n’est pas impossible mais il reste encore un peu de chemin à parcourir avant que ces implants ne rentrent dans la pratique courante. Le moment venu, les autres options seront aussi à considérer, en particulier les implants bi- ou trifocaux.