Qu’il s’agisse d’une chirurgie de la myopie, d’une opération sur la presbytie et de toute autre chirurgie réfractive destinée à corriger un défaut de vision tel qu’une hypermétropie ou un astigmatisme, toute demande de chirurgie réfractive doit être précédée par un bilan très complet.
Ce bilan préopératoire permet d’abord d’évaluer la nature et l’importance du défaut visuel à corriger car les options chirurgicales ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agit d’une petite myopie de -2 dioptries ou d’une myopie forte de -14 dioptries. Si la chirurgie de la myopie peut faire appel à plusieurs types de techniques, on sait déjà qans le second cas que le Lasik ne sera pas possible.
Ce bilan est d’autre part l’occasion de faire un certain nombre d’examens complémentaires dont le choix est orienté en fonction de la technique opératoire envisagée.
– La topographie cornéenne est l’examen le plus courant dans le bilan préopératoire d’une opération de la myopie. Elle permet d’analyser la forme de la cornée afin d’en vérifier l’épaisseur et la régularité, ces deux critères étant toujours très importants dans toutes les techniques de chirurgie réfractive. Plusieurs types de topographes existent et fournissent des informations parfois complémentaires. Une anomalie topographique prend plus de valeur lorsqu’on la retrouve sur deux appareils utilisant des technologies différentes. La topographie cornéenne est l’examen clé pour le dépistage des formes frustes de kératocône, qui contre-indiquent le Lasik.
– L’aberrométrie est un examen qui, comme son nom l’indique, permet de mesurer l’ensemble des aberrations optiques de l’œil. Elle peut constituer une aide au diagnostic dans certaines anomalies de la cornée comme le kératocône fruste. Elle peut aussi orienter vers un traitement dit “aberrométrique” lorsque les aberrations optiques préopératoires sont importantes. Ce type de traitement permet en théorie de corriger les aberrations optiques préopératoires. En pratique, il permet surtout de limiter leur augmentation du fait de la chirurgie.
– La biométrie, ultrasonique ou par interférométrie, permet une mesure très précise de la longueur axiale de l’œil, de la cornée à la rétine. Elle est indispensable dans les techniques cristalliniennes. Il est préférable de la faire de façon systématique avant toute chirurgie réfractive et de l’archiver car elle peut être utile plusieurs années plus tard.
– L’OCT du segment antérieur est un examen particulièrement intéressant pour mesurer les épaisseurs et les espaces. Elle est indispensable en cas de reprise envisagée après une première chirurgie de la myopie. On la réalise également avant implantation d’un implant phaque afin de mesurer précisément l’espace entre la cornée et le cristallin.
– L’OCT de la rétine est utile pour vérifier l’intégrité de la macula, lorsqu’on envisage une chirurgie induisant une multifocalité, qu’il s’agisse d’un implant multifocal, d’un presbylasik ou d’un traitement au laser intracor.
– L’ORA (Ocular Response Analyzer) est un examen destiné à évaluer l’élasticité du tissu cornéen. Il peut constituer une aide au diagnostic sur certaines cornées suspectes sur le plan topographique.
Au terme de ce bilan complet, bien différent d’une simple consultation ophtalmologique, il est bien-entendu possible de répondre à la question fréquemment posée en consultation : “Docteur, suis-je opérable ?” Il est également possible en fonction de l’anomalie visuelle à corriger, de l’âge du patient et des données des examens complémentaires de proposer la meilleure option chirurgicale.
Docteur Arié Danan. Paris, le 26 juillet 2012