Si le Lasik est depuis près de 20 ans la technique de référence en chirurgie réfractive, souvent proposée en première intention, il ne peut cependant être proposé à tous les candidats à la chirurgie de la myopie. En effet, l’amincissement cornéen induit par le Lasik n’est pas sans limite, ce qui fait dire qu’en général le Lasik ne s’applique pas pour des myopies à 2 chiffres, fixant ainsi sa limite raisonnable aux alentours de -9 dioptries.
Il existe bien-entendu des exceptions et il est parfois possible de proposer des chirurgies en technique Lasik pour des myopies un peu plus fortes lorsque la cornée est particulièrement épaisse au départ.
A l’opposé, certaines myopies inférieures à -9 dioptries, et parfois même des myopies dites moyennes, ne permettent pas de réaliser un Lasik si les conditions morphologiques cornéennes ne sont pas remplies.
Le patient porteur d’une myopie forte ou très forte, et en quête d’une chirurgie par Lasik est ainsi parfois déçu de se voir refuser une intervention qu’il désirait ardemment, en particulier s’il s’agit d’un porteur de lentilles qui ne supporte plus ses lentilles et pour qui la perspective d’un retour aux lunettes est vécu comme une véritable punition. Dans la myopie forte, la motivation essentielle est en effet souvent de nature fonctionnelle et non esthétique, car le port de lunettes de fortes puissance limite le champ de vision de façon véritablement handicapante. Au début des années 90, la chirurgie de la myopie forte était du reste prise en charge par la Sécurité Sociale qui en reconnaissait ainsi alors le caractère médicalement motivé.
Pourtant, myopie forte ne signifie pas condamnation éternelle aux lunettes, car il existe d’autres solutions :
– D’abord non chirurgicales avec le port de lentilles de contact qui est souvent la première option à proposer à ces patients atteints de myopie forte pour lesquels les lentilles constituent un élément majeur d’amélioration de la qualité de vie.
– Il existe également des solutions chirurgicales, dont le choix dépend essentiellement de l’âge de ces patients pour lesquels le Lasik n’est pas possible.
Schématiquement, pour un patient de moins de 50 ans, la solution de choix est constituée par les implants phaques qui sont de véritables lentilles de forte puissance, mais placées dans l’oeil et non sur l’oeil comme les lentilles de contact. Il en existe plusieurs modèles, qui peuvent être placés devant ou derrière l’iris, ou encore être accrochés à l’iris.
Chez des patients plus âgés, après 50 ans et a fortiori après 55 ou 60 ans, la chirurgie de référence est l’échange de cristallin clair, c’est à dire une chirurgie de cataracte anticipée. Elle ne pose techniquement pas de problème particulier mais il est important d’informer le patient des risques qu’elle comporte. Le plus important de ces risques, même s’il est rare, est le décollement de rétine dont on sait que la myopie, et surtout la myopie forte, est le terrain d’élection.
Dans tous les cas, les solutions possibles, adaptées à chaque situation, doivent être expliquées au patient, et décidées en toute connaissance de cause.
Docteur Arié Danan. Paris, le 30 mars 2012