La myopie est une anomalie banale et fréquente de la vision qui apparait le plus souvent au cours de la préadolescence ou de l’adolescence et qui évolue quelques années avant de se stabiliser. Certaines myopie obéissent cependant à un calendrier différentAu cours des 20 dernières années, on a noté, en Europe comme en Amérique du nord, une augmentation notable de sa fréquence qui est évaluée actuellement à environ 40 % alors qu’elle n’était que de 20 % auparavant.
C’est une inflation d’une tout autre importance qui est notée actuellement en Asie, avec une myopie qui touche 80 à 90 % des adolescents en fin de scolarité, parmi lesquels environ 15 % de myopies fortes, c’est à dire dépassant 6 dioptries. C’est ce qui ressort d’une très vaste étude publiée par la célèbre revue médicale “The Lancet”.
On sait qu’il existe schématiquement deux types de facteurs favorisant la myopie : des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux.L’augmentation majeure de la prévalence de la myopie dans les pays industrialisés mais plus encore dans les pays développés d’Asie, est sans doute liée aux facteurs environnementaux.
L’augmentation de la pression scolaire et éducative et le changement de mode de vie avec des enfants qui consacrent plus de temps à des activités d’intérieur ont pour résultat une moindre exposition à la lumière solaire. Ceci pourrait avoir comme conséquence une moindre production d’une hormone, la dopamine, impliquée dans le contrôle de la croissance de la longueur du globe oculaire. Avec cette dérégulation, la globe oculaire pourrait ainsi s’allonger de manière excessive conduisant ainsi à un certain degré de myopie.
Bien-entendu, ceci n’exclut pas la responsabilité de l’augmentation des activités de vision de près (lecture, écrans, téléphones portables) dont on sait depuis longtemps qu’elle est également un facteur favorisant l’éclosion et l’évolution de la myopie. On parle parfois de “myopie des intellectuels” pour ces myopies débutant tardivement chez des étudiants soumis à un travail scolaire ou universitaire intensif.
Quoi qu’il en soit, le lien entre dopamine et myopie reste à démontrer ainsi que le rôle de la moindre exposition à la lumière. Plusieurs pays asiatiques ont cependant déjà initié des programmes visant à augmenter les activités extérieures en mesurant l’impact éventuel sur la prévalence de la myopie.
Docteur Arié Danan. Paris, le 4 juillet 2012