Certains journalistes en mal de scoop ne manquent pas une occasion de tacler sévèrement les domaines dans lesquels ils ne comprennent pas grand-chose, surtout si des intérêts économiques sont en jeu et si en outre, comble de la honte sous le signe de l’hexagone, ce sont des activités qui marchent !
Un grand hebdomadaire national l’a merveilleusement illustré il y a quelques semaines en tirant à boulets rouges sur la chirurgie réfractive et les chirurgiens qui la pratiquent.
Si l’on en croit ces fins limiers du journalisme d’investigation, les techniques chirurgicales proposées dans la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie ne seraient que poudre aux yeux et marché de dupes, destinés à alimenter les comptes de praticiens sans scrupules dont le seul souci serait de faire du chiffre. Chacun sait en effet que santé et business ne font pas mon ménage, même (et peut-être surtout) si les résultats réels sont excellents.
Si dans ce registre, les articles anciennement parus, sponsorisés discrètement par des fabricants de lunettes inquiets de leur avenir, ne procédaient que par allusions plus ou moins franches, sous-entendus ou hypothèses fantaisistes, le ton de cet article est beaucoup plus direct, citant des noms et additionnant les contre-vérités issues de l’ignorance la plus insupportable et les propos calomnieux, destinés à ternir la réputation des praticiens de la chirurgie réfractive.
La chirurgie de la myopie ne s’adresserait ainsi qu’à un groupe très limité de petits myopes, excluant les myopies moyennes et fortes pour lesquels les solutions existent. La chirurgie de l’astigmatisme serait « un problème » même si les lasers d’avant-dernière génération ont réglé ce « problème » avec une incroyable précision depuis près de 10 ans. La chirurgie de l’hypermétropie est à peine abordée, alors qu’elle représente une proportion importante des chirurgies faites après l’âge de 30 ans. Et la chirurgie de la presbytie, bien-sûr, parce qu’elle reste le domaine dans lequel nous sommes encore en progression et en recherche de solutions toujours plus performantes, déchaîne les passions du journaliste, qui a oublié de signer son article, et qui en nie quasiment l’existence.
La chirurgie réfractive, que nous considérons comme une chirurgie réparatrice des défauts visuels que sont la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie, est pourtant devenue une spécialité à part entière. Elle fait l’objet de congrès internationaux et de milliers de publications scientifiques chaque année. Elle est pratiquée par des gens sérieux et à l’éthique irréprochable.
Elle connaitrait parfois des effets secondaires ? Quelle thérapeutique n’en a pas ?
Certains résultats seraient insatisfaisants ? Quelle chirurgie peut afficher des résultats constamment parfaits ?
Certaines complications, rarissimes, comme les sécheresses sévères, pourraient être invalidantes ? Quel chirurgien digne de ce nom prétend proposer une chirurgie à risque zéro ?
Certains ophtalmologistes, anonymes, seraient hostiles à toute chirurgie réfractive ? Leur anonymat ne sert qu’à permettre à leur ignorance de s’exprimer à visage masqué ! Ainsi l’incompétence n’existerait-elle que chez les chirurgiens réfractifs ? C’est oublier qu’en matière de science, et en particulier dans les domaines médico-chirurgicaux, toute innovation s’est toujours heurtée à la cohorte de ceux qui n’avançaient pas assez vite, et qui préféraient se parer de leurs certitudes des temps jadis.
Après un quart de siècle d’expérience accumulée en matière de chirurgie réfractive, et en particulier pour ce qui concerne la chirurgie de la myopie, on pensait pourtant que cette chasse aux sorcières n’avait plus cours et que les sceptiques, qui feraient mieux de lire un peu plus la littérature internationale ou de fréquenter de temps en temps les congrès, avaient enfin compris qu’une remise à niveau s’imposait !
L’article fait référence à l’hétérogénéité des compétences parmi les chirurgiens réalisant des chirurgies réfractives. Nous devrions donc être tous égaux et cette variabilité des compétences serait l’apanage de la chirurgie réfractive, et n’existerait dans aucune autre spécialité ?
Allons ! Soyons un peu sérieux et cessons les approximations mensongères et les généralisations démagogiques.
La chirurgie réfractive est une vraie spécialité , et comme toutes les autres spécialités, elle est pratiquée dans son immense majorité par des gens sérieux, qui ont appris, forts de leur expérience commune, à sélectionner les cas qui sont propices à la chirurgie et à récuser ceux dont les résultats pourraient être insuffisants ou sources de complications, discréditant alors leur spécialité et nourrissant le discours de ceux qui font leurs choux gras de cette dénonciation de dérives imaginaires.
Face à une demande de correction d’un défaut de vision, myopie, astigmatisme, hypermétropie ou presbytie, le rôle du chirurgien réfractif est toujours de dire si c’est possible ou non, jamais de présenter la chirurgie comme une nécessité.
Cette réponse se fait à la lueur des connaissances réunies par la collectivité scientifique, en n’oubliant pas que dans un nombre non négligeable de situations, la réponse est tout simplement négative, lorsque les conditions d’un niveau très élevé d’efficacité et de sécurité ne sont pas remplies.
Docteur Arié DANAN. Paris le 6 septembre 2013
moi c est fair epuis 5 ans et RAS parfait