Lorsqu’on parle de chirurgie réfractive, c’est-à-dire d’une chirurgie correctrice des anomalies de la vision, on a souvent tendance à parler de chirurgie de la myopie. C’est oublier que si les myopes sont les premières cibles « historiques » de la chirurgie réfractive, la myopie n’est pas le seul domaine d’excellence de la chirurgie réfractive.
L’hypermétropie représente en effet une autre très bonne indication du LASIK, avec des résultats tout aussi prévisibles et satisfaisants.
L’œil hypermétrope est par nature un œil trop court et/ou à la cornée trop plate, et la conséquence en est une focalisation des images en provenance de l’infini en arrière de la rétine. Contrairement à la myopie dans laquelle l’image de l’infini se projette en avant de la rétine, il existe dans l’hypermétropie un mécanisme de compensation automatique chez le sujet jeune pour des hypermétropies faibles ou moyennes. En effet, grâce à l’accommodation, c’est-à-dire à la contraction du cristallin, l’image des objets situés à l’infini peut être ramenée sur la rétine. C’est la raison pour laquelle une hypermétropie de faible niveau peut passer inaperçue jusqu’à un certain âge, et ne se démasquer que lorsque la baisse naturelle de l’accommodation ne permet plus de la compenser de façon inconsciente.
L’âge moyen au moment de la chirurgie est, pour cette raison, plus élevé pour l’hypermétropie par rapport à ce qui est observé pour la myopie. Le myope, qui porte des lunettes depuis l’enfance attend la stabilisation à partir de 20 ans pour se faire opérer. L’hypermétrope faible ou moyen découvre souvent son hypermétropie après 30 ans et sera donc candidat à la chirurgie à un âge plus tardif que le myope. Ceci n’est pas vrai pour les fortes hypermétropies, connues et corrigées depuis la petite enfance.
La chirurgie de l’hypermétropie se fait préférentiellement en technique LASIK, qui permet de traiter des hypermétropies jusqu’à 6 dioptries en moyenne, avec des variations selon les lasers et les profils de traitement. Les techniques de surface comme la PKR sont moins adaptées car sujettes à plus de risques de régression de l’efficacité de la chirurgie avec le temps.
Techniquement, le LASIK hypermétropique est comparable au LASIK myopique, la différence résidant dans le profil de traitement. Dans la myopie, le laser excimer traite le centre de la cornée afin de l’aplatir alors qu’au contraire, le laser est appliqué à la périphérie de la cornée hypermétrope afin de faire bomber le centre. Plus que dans la myopie, il est important de pouvoir faire un capot de grand diamètre, capable d’accueillir la totalité de la zone de traitement prévue.
Ce bombement cornéen induit par la chirurgie redonne à l’œil hypermétrope une bonne vision de loin mais améliore également sa vision de près et c’est cette constatation qui est à l’origine des profils de traitement chirurgical de la presbytie dont les meilleurs résultats sont obtenus sur les yeux hypermétropes.
Plus les patients opérés sont « âgés », au-delà de 40 ans, plus la satisfaction des patients est élevée car l’œil hypermétrope qui voit mal de près au début de la vie, ne voit ni de près ni de loin après 40 ans, et la satisfaction est ainsi presque toujours au rendez-vous.
Docteur Arié DANAN. Paris, le 13 décembre 2012