Le kératocône est une maladie évolutive de la cornée touchant des adultes jeunes. Elle se manifeste par l’apparition et l’évolution rapide d’une trouble visuel associant en général myopie et astigmatisme. L’astigmatisme est particulier par son irrégularité qui rend difficile ou impossible la correction par lunettes, nécessitant le port de lentilles rigides afin de régulariser l’axe optique.
Lorsque la déformation cornéenne est importante chez de patients ne supportant pas ou plus les lentilles de contact, une chirurgie peut parfois être proposée sous la forme d’anneaux ou de segments d’anneaux, rigides, insérés dans l’épaisseur de la cornée afin de recréer une zone centrale régulière, compatible avec une correction en lunettes.
La mise en place de ces anneaux se fait sous anesthésie locale, et ne dure que quelques minutes. Un tunnel intra-cornéen est réalisé grâce au laser femtoseconde et l’anneau est ensuite introduit très facilement à travers ce tunnel.
Cette technique, utilisant des anneaux complets, avait initialement été proposée comme traitement chirurgical des myopies faibles puis s’est rapidement effacée dans cette indication compte tenu de la simplicité et de l’efficacité des traitements au laser, qu’il s’agisse de laser de surface en mode PKR ou de laser de type Lasik. L’utilisation d’un demi-anneau s’est ensuite progressivement imposée dans la correction des déformations cornéennes dues au kératocône. L’effet de ces segments d’anneaux est d’autant plus marqué qu’ils sont plus épais et que leur positionnement est proche du centre cornéen. On ne peut évidemment les mettre trop près du centre sous peine de générer une gêne visuelle, et la limite inférieure de positionnement est à 5 mm du centre. La mise en place de 2 hémi-anneaux, parfois de longueur et d’épaisseur différentes, peut aussi permettre de corriger par la même occasion tout ou partie de la myopie associée.
Cette technique offre l’avantage de sa simplicité et de sa réversibilité potentielle. Elle permet aujourd’hui, combinée à la technique du cross-linking, de stabiliser et de régulariser des cornées porteuses d’un kératocône. A condition d’être utilisées aux stades précoces de la maladie, ces techniques permettent d’éviter un grand nombre de greffes de cornée alors que la greffe était la seule réponse chirurgicale à cette maladie il y a encore une vingtaine d’années.
Docteur Arié Danan. Paris le 7 septembre 2012.