Bien qu’il représente un système optique d’une complexité extraordinaire, l’œil humain peut présenter un certain nombre d’imperfections visuelles qu’on appelle des aberrations. Ces aberrations consistent en des modifications du trajet des rayons lumineux traversant l’œil, dont la conséquence est un défaut de focalisation sur la rétine.
Les anomalies telles que la myopie, l‘astigmatisme et l’hypermétropie sont donc des aberrations visuelles, qu’on appelle paradoxalement des aberrations de faible degré.
Il existe également des aberrations de degré élevé, qui peuvent être associées aux premières, ou bien exister de façon isolée. Un œil ayant une acuité visuelle à 10/10 peut ainsi avoir des aberrations optiques dont les conséquences pratiques peuvent passer inaperçues ou s’exprimer par exemple sous forme d’une perte de contraste, d’une plus grande sensibilité à la lumière ou d’une moindre résistance à l’éblouissement.
Il existe un risque d’induire ou d’augmenter les aberrations optiques dans toute chirurgie réfractive au laser, qu’il s’agisse d’un laser de type Lasik, d’un laser de surface ou d’un traitement utilisant seulement le laser femtoseconde (technique ReLEx). C’est ainsi que s’est développé depuis de nombreuses années un mode de traitement, dit aberrométrique ou personnalisé, qui est censé corriger chirurgicalement les aberrations optiques préexistantes, et qui avait abouti au concept de “super-vision” visant l’obtention après chirurgie d’acuités visuelles atteignant 15/10 voire même 20/10 ! En réalité, de tels niveaux d’acuité s’observent en effet parfois après Lasik, mais ces traitements aberrométriques permettent surtout de limiter ou d’éviter l’induction d’aberrations supplémentaires. Ils sont utilisés tant en chirurgie de myopie qu’en chirurgie de presbytie.
Ces traitements ne sont pas nécessaires dans tous les cas mais concernent plusieurs situations :
– Présence préopératoire d’un niveau déjà élevé d’aberrations optique.
– Patients ayant de grandes pupilles, car le risque d’induire des aberrations optiques augmente avec la taille de la pupille.
– Existence d’un astigmatisme, car les traitements aberrométriques utilisent la reconnaissance irienne qui est un gage de précision dans le traitement de l’astigmatisme. On peut en fait aujourd’hui utiliser la reconnaissance irienne sans faire de traitement aberrométrique, mais ce n’était pas le cas initialement, faisant de l’astigmatisme une des principales indications de ce mode de traitement.
Outre sa précision dans les situations précitées, le traitement aberrométrique possède un autre avantage : il rend impossible l’erreur de programmation de la correction ainsi que l’erreur d’œil ou de patient. La correction n’est en effet pas programmée manuellement mais par l’aberromètre qui la transmet directement à l’ordinateur. De plus la reconnaissance irienne ne sera possible que si l’œil à opérer est le bon puisqu’elle possède une spécificité aussi élevée que celle des empreintes digitales.
Docteur Arié Danan. Paris, le 2 septembre 2012.
Bonjour, cela fait prés de 18 ans que j’ai été opéré d’un oeil de la cataracte avec une correction de ma myopie. Au fil du temps j’ai un problème de focalisation sur un livre, un écran.
Je me suis rendu compte que mes deux yeux ne voyaient à la même hauteur.Sur une table je positionne deux bouteilles cote à cote, elles n’ont pas la même dimension. Je les croise pour vérification, c’est toujours du même coté que se trouve la plus grande.
Avez vous une explication à cette aberration optique, y-a-t il un remède a ce fait qui m’handicape surtout en conduite de nuit et pour la lecture courante.
Merci d’avance pour votre réponse.
Salutations.
Jean-Paul VENAILLE
Ce que vous décrivez correspond à ce qu’on appelle une aniséiconie, qui correspond à la transmission au cerveau, par chacun des deux yeux, de deux images de taille différente, dont le cerveau ne peut pas faire la fusion. Cela s’observe en particulier en cas de cataracte opérée d’un seul côté lorsque la chirurgie corrige par la même occasion un défaut visuel préexistant comme une myopie.
La solution du problème peut passer par la nécessité d’opérer le second oeil de la cataracte.