Triste journée que celle du 23 octobre, journée de la signature « historique » d’un accord entre les syndicats médicaux et l’Assurance-Maladie.
Obtenue grâce à la traîtrise des syndicats félons, et en particulier la CSMF, le plus gros d’entre eux, cette signature a permis à Marisol Touraine de ne pas perdre la face, et lui a évité de passer en force par un texte de loi auquel il aurait sans doute été facile pour des juristes de trouver des irrégularités permettant de le retoquer.
Cet accord a permis à notre ministre de garder son portefeuille alors qu’elle était menacée de siège éjectable et l’autorise aujourd’hui à pérorer sur tous les plateaux de télévision qui lui font la grâce de l’inviter et sur lesquels elle peut se vanter d’avoir acquis à sa cause tous les syndicats médicaux. Tous ? Que nenni, car le BLOC et la FMF ont refusé de signer cet acte de mise à mort de la médecine libérale et bizarrement, aucun membre de ces 2 syndicats n’est jamais invité à débattre.
En revanche, messieurs Chassang (CSMF) et Jeambrun (SML) qui ont dévoré leur chapeau le 23 octobre dernier, sont omniprésents, et la posture critique qu’ils ont désormais adoptée vis-à-vis de l’avenant n° 8 de la convention médicale pose cette question lancinante : pourquoi donc l’ont ils signé ??!!
Pourquoi le SML qui énonçait avant la négociation des conditions non négociables, dont celle de l’absence de plafonnement chiffré pour les dépassements d’honoraires a-t-il considéré que le texte présenté était satisfaisant ?
Pourquoi la CSMF dont la base était opposée à cet avenant est-elle dirigée par un président qui s’est autorisé à signer ce texte alors que deux jours plus tôt, les médecins libéraux, même non adhérents à la CSMF, étaient inondés de mails les invitant à une contribution exceptionnelle de 1000 € pour soutenir la grève des internes et des chefs de clinique ?
Que cachent ces accords « historiques » en termes de compensations pour les traitres qui les ont signés ?
Pourquoi la même CSMF a-t-elle présenté à son comité directeur un tableau fantaisiste des plafonds d’honoraires correspondant à l’avenant n° 8 où les chiffres présentés correspondent à des honoraires globaux à 350 % du tarif opposable (et non 250 %) ?
Est-ce de l’incompétence affligeante ou une honteuse désinformation organisée ?
Dans les deux cas cela laisse rêveur sur la prise de position de ce syndicat qui par son volume de représentativité (5 sièges sur 12 dans les commissions paritaires régionales), est le syndicat majoritaire. Qu’on ne se trompe pas sur ces commissions « paritaires » puisqu’elles sont constituées de 12 médecins de la caisse d’assurance-maladie et de 12 médecins issus des syndicats médicaux. Les premiers étant par essence acquis à la cause de la caisse, il suffira de l’avis défavorable d’un seul syndicaliste (MG France au hasard) pour faire condamner un dangereux réactionnaire du secteur 2 poursuivi pour « délit statistique ».
Ceux qui n’ont pas compris que le secteur 2 était condamné à mort à très court terme doivent se réveiller très vite car, outre le seuil de 150 % écrit noir sur blanc, la baisse de ce seuil est elle aussi très clairement annoncée dans le préambule, et que ceux qui n’y croient pas apprennent à lire ! Qu’on ne me parle pas des nuances sémantiques entre un « seuil » et un « repère », ou même un « repaire » pour reprendre le terme employée par la CSMF dans son document de propagande. Notre bien-aimée ministre ne cache du reste même pas sa volonté de « mettre la pression » sur les dépassements d’honoraires pour reprendre son expression. Nous ne pourrons même pas dire que nous n’avons pas été prévenus.
Médecins libéraux, réveillez vous avant qu’il ne soit trop tard !
Sortez de cette torpeur qui va faire disparaître la médecine libérale à laquelle vous êtes attachés au profit de centres et de réseaux de soins mutualistes, financés par l’impôt, et dont vous serez les salariés.Seul un mouvement massif d’arrêt des soins nous permettra de faire entendre notre voix, car nous devons garder en mémoire que personne ne peut nous remplacer.
Alors le 12 novembre, agissez !
Dr Arié DANAN. Paris le 3 novembre 2012