Le laser est sans aucun doute, en tout cas dans l’esprit du grand public, un instrument de haute technologie, plus séduisant que le bistouri tenu par la main du chirurgien, quel que soit son niveau de virtuosité.
Ceci explique l’engouement suscité par le début récent de l’utilisation du laser dans cette chirurgie. Nous avons en effet vu émerger au cours des deux dernières années, différents lasers de type femtoseconde, proposés par plusieurs laboratoires dans la chirurgie de la cataracte. On parle ainsi de plus en plus de “femto-chirurgie” de la cataracte, et il n’est pas un congrès international qui ne consacre une session à ce domaine.
Pour autant, et malgré l’irruption de cette nouvelle technologie dans l’arsenal des techniques existantes, tous les problèmes ne sont pour l’heure pas encore réglés :
– Ces lasers sont encore très chers pour l’instant, et l’absence de modification de la cotation chirurgicale de la cataracte ne permet pas d’amortir le coût du laser. La seule option est alors un surcoût supporté par le patient, motivé par l’innovation technique et le bénéfice potentiel du high-tech.
– Le laser ne réalise que les phases initiales de la chirurgie et ne dispense donc pas de la nécessité de pénétrer dans le globe oculaire pour enlever les fragments de cristallin et procéder à la mise en place de l‘implant.
– Le temps chirurgical est pour l’instant allongé par l’utilisation du laser, et cet allongement du temps opératoire nécessite de repenser les flux de patients dans les établissements de chirurgie.
– Nous en sommes à la première génération de ces machines et il est vraisemblable que les prochaines générations de lasers femtoseconde résoudront efficacement la plupart des problèmes techniques des lasers actuels.
– Il faut redéfinir l’ergonomie des salles d’opération afin d’organiser de façon optimale l’interface entre ce laser et le matériel classique de la chirurgie, qui reste toujours nécessaire.
– La modification des conditions et des procédures techniques de la chirurgie nécessite un apprentissage, et la courbe d’apprentissage est marquée par des complications auxquelles les chirurgiens entrainés n’étaient confrontés que de façon exceptionnelle.
Le constat actuel est ainsi celui d’un certain piétinement dans lequel les bénéfices attendus de cette innovation chirurgicale passent pour l’instant au second plan derrière les difficultés techniques, d’organisation et de financement.
Il est cependant très probable que cette chirurgie au laser de la cataracte représente la voie d’avenir de cette chirurgie tant il est difficile de refuser le progrès. La question qui reste en suspens est celle du temps nécessaire pour qu’elle devienne la technique de routine en chirurgie de la cataracte.
Docteur Arié Danan. Paris, le 12 septembre 2012